mardi 15 mars 2011

Le Collège des médecins s'en mêle...enfin!

Bonjour à tous. Voici un article de la Presse canadienne qui explique très bien la sortie du Collège des médecins en regard des frais accessoires facturés en clinique privée. Il était temps! Après des mois de campagne pour une gratuité des soins de la part de notre comité, les médecins ont enfin fait entendre leurs voix. Du moins leur corporation...Mais quand on lit la réponse du ministre Yves Bolduc, on se rend compte qu'il ne fait que gagner du temps. Maintenant il parle de mois avant de corriger la situation. Pendant ce temps, les hôpitaux vont continuer à éconduire leurs patients vers les cliniques privées. D'ailleurs il parle de facturations «justes». Il n'a nullement l'intention de mettre fin à son système de frais accessoires et d'obliger les hôpitaux à accorder gratuitement les injections pour la dégénérescence maculaire. D'autre part, quand on observe que le très conservateur Collège des médecins interpelle le ministre sur cette question, on peut se demander comment se fait-il que l'Association québécoise de la dégénérescence maculaire, l'AQDM, soit restée silencieuse pendant des mois? Pire, le président actuel, Gilles Rivard, a informé les membres du conseil d'administration qu'il avait suggéré au ministre une gratuité des soins en faveur des cliniques privées. Non seulement il n'a pas consulté le conseil mais il est allé à l'encontre d'une position qu'il a fait paraître quelques semaines plus tôt sur le site de l'AQDM. Une position par ailleurs qui a aussi été prise sans consultation du conseil. Suggérer que les soins soient prodigués en clinique privé démontre une méconnaissance totale de la réalité en région. Pire, c'est ouvrir la porte à une privatisation des soins. Il faudra lui demander des comptes à la prochaine assemblée générale annuelle. Voici l'article:

Médecins: la question des frais doit être clarifiée
Presse Canadienne, Lia Lévesque

MONTRÉAL - Devant la multiplication des cas de patients qui se voient facturer des frais de toutes sortes, le Collège des médecins presse le gouvernement de clarifier les règles. Et le ministre de la Santé, Yves Bolduc, confirme qu'il a l'intention d'agir en ce sens.

Au cours d'une rencontre avec la presse, mardi à Montréal, le président-directeur général du Collège des médecins, le docteur Charles Bernard, a soutenu que le phénomène avait atteint des proportions telles qu'on ne pouvait plus fonctionner au cas par cas. La situation doit être tirée au clair par les autorités.

«Le Collège des médecins ne peut passer le reste de son année à enquêter sur des conflits monétaires entre des médecins et des patients et décider 'oui c'est le bon montant; non ce n'est pas le bon montant'. Nous, ce qui nous intéresse d'abord, c'est la qualité de la médecine, l'acte et l'accessibilité pour le patient. On s'aperçoit que c'est en train de dévier sur une question plutôt économique, actuellement. Il y a d'autres acteurs que nous qui doivent mettre leur pantalon et régler ce problème-là», a tonné le docteur Bernard.

Le Collège juge urgent que le ministère de la Santé clarifie les règles quant aux services médicaux qui sont couverts par le régime public, que ce service soit dispensé en établissement de santé public ou en cabinet privé.

Le docteur Bernard a donné plusieurs exemples de frais qui sont actuellement facturés aux patients et pour lesquels la situation de légitimité ou légalité n'est pas toujours claire. «Des gouttes pour des examens oculaires, l'utilisation d'appareils lors d'une consultation, du matériel requis pour faire un examen ou un traitement, des frais pour ouverture de dossier, un forfait d'adhésion à une clinique, un examen dans un laboratoire privé, et je pourrais en citer d'autres, la liste est longue», a-t-il dit.

Quand cette pratique de demander de l'argent au patient sous forme de «frais accessoires» a commencé, il s'agissait le plus souvent de pansements et de produits anesthésiques. Le montant n'était pas très élevé. Mais la situation est devenue plus complexe, maintenant que des médecins dans des cliniques privées traitent plus de problèmes de santé qui, auparavant, n'étaient traités qu'en établissement de santé.

Le Collège donne l'exemple des gouttes ophtalmiques pour traiter la dégénérescence maculaire, pour lesquelles certains médecins en clinique privée demandaient 200 $. Or, les gouttes ne coûtent en fait que 15 $, mais le traitement nécessite un équipement sophistiqué. Donc, certains médecins demandent une contribution financière du patient pour cet équipement aussi, ce qui porte la facture totale à 200 $.

Pourtant, la rémunération des médecins compte déjà une portion de 30 pour cent qui est prévue pour cette composante technique.

Le docteur Bernard et le secrétaire du Collège, le docteur Yves Robert, notent qu'il faut peut-être vérifier si cette somme qui équivaut à 30 pour cent de la rémunération est suffisante maintenant.

En attendant, déplorent-ils, le patient est «pris en otage» et n'a d'autre choix que de payer les frais exigés. Et ce patient hésite à porter plainte, de crainte de perdre l'accès à son médecin.

Au bout du compte, deux problèmes se posent, selon le Collège des médecins: des risques d'abus à cause de frais inappropriés, ainsi qu'une situation inique où l'accès aux soins de santé serait inégal à cause de la généralisation de ces frais.

Le Collège se dit prêt à faire son bout de chemin, puisqu'il enquête déjà sur les plaintes qui ont été soumises et qu'il a aussi mandaté son groupe de travail en éthique clinique pour étudier le dossier. Mais il faut faire plus, martèle-t-il: le ministère doit clarifier les règles et négocier avec les fédérations de médecins, le cas échéant.

Plus tard dans la journée, à Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux s'est dit prêt à intervenir. «On va regarder tous les frais qui sont chargés aux patients, comment on pourrait réussir à encadrer cela pour que ce soit quelque chose qui est raisonnable et qui soit juste», a commenté le ministre Bolduc.

Le ministre prévoit donner l'heure juste dans ce dossier dans les prochaines semaines et procéder aux changements réglementaires requis dans les mois qui viennent. Le but consiste à «éviter les excès et les abus», a-t-il dit.

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